Chaque année depuis 13 ans, l’AGBT (Advances in Genome Biology and Technology) rassemble les fournisseurs de technologies de pointe, quelques « maîtres » en la matière venant dispenser des cours du soir (sorte de « master-class ») et beaucoup de scientifiques essentiellement Nord-Américains. En effet, cette grande messe de la biologie haut-débit a lieu à Marco Island, île de Floride, lieu de villégiature pour retraités liftés percevant leurs fonds de pension sous forme de rente viagère.

La Côte Est américaine accueille les grandes entreprises de biotechnologies de la côte opposée pour démontrer que la Californie avec des sociétés telles que Illumina, Life technologies, Roche, Pacific Biosciences, Agilent… reste le meilleur fournisseur de technologies de pointes pour les gros centres de recherches situés sur la Côté Est (NIH, MIT-Broad Institute, Yale…). La Côte Est héberge les deux tiers des séquenceurs haut débit nord-américains. Depuis quatre ans, il faut bien le dire l’AGBT consacre le séquençage haut-débit, technologie qui vampirise la plupart des présentations (n’oublions pas que la jeune société PacBio sponsor principal, vend des séquenceurs…) et sessions « workshop »… au détriment de technologies plus « anciennes » (les puces à ADN par exemple). On le sait, ce type de rassemblements adoube la nouveauté et consacre ce que, parfois, hâtivement, on nomme : innovation.

Bien que ces rassemblements endogames sont critiquables, ils constituent une tribune pour les principaux axes de développements des technologies appliquées au vivant. L’AGBT est un tremplin dont se servent un grand nombre de firmes californiennes pour annoncer des lancements de machines à générer de la séquence. Cet évènement très américanocentré n’a pas de réel pendant européen, malgré les différentes formes prises par des rassemblements tels que le « carrefour des biotechnologies » remplacé par l’Eurobio-event. L’Eurobio-event sorte de biennale  biotech’ où l’on trouve rassemblés beaucoup de vendeurs de robotiques, de pipettes… beaucoup de conférences traitant du business, de l’investissement dans les biotechnologies plus que des biotechnologies en tant que technologies. Assez peu de science dans Eurobio-event, beaucoup de business.

L’AGBT oscille quant à elle, entre un monde de scientifiques avide de nouvelles méthodes visant à l’exploitation rationnelle des flots de données issues de la biologie haut-débit (ce que représente l’illustration ci-dessus) et un monde de vendeurs de solutions appliquées à la recherche en biologie – quand les uns partagent un même « problème » et réfléchissent à une solution optimale pour sortir du sens biologique d’un amas de données, les autres vendent les générateurs de « problèmes » en misant sur la communauté scientifique mondiale pour apporter la réponse aux nouveaux problèmes générés. Il s’agit de trier l’information émanant de ce type de rassemblements en n’oubliant pas que cette vitrine – telle que peut l’être l’AGBT ou tout autre évènement de cette ampleur – peut parfois être un mirage scientifique plus qu’un virage technologique…

L’AGBT cette année 2012 aura lieu du 15 au 18 février sur l’île Marco Island : http://agbt.org/about.html, on y parlera de la technologie de Pacific Biosciences (des retours sur expériences sont prévus, avec leur 15 % de taux d’erreur de séquençage, il s’agit de LA déception technologique de l’année, mais PacBio est aussi LE sponsor principal de la réunion, quel suspens !), on y parlera aussi du futur Ion Proton

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c.audebert

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