From the monthly archives: avril 2014

A l’occasion de son stage d’observation, la jeune Marieke nous fait partager ses remarques suite à son passage sur la plateforme de génomique Pegase-biosciences. Ce point de vue peut permettre à d’autres jeunes lycéens ayant une inclination pour le monde de la recherche en sciences de la vie de confirmer ou d’infirmer leur motivation pour débuter un parcours scientifique. Comme quoi, parfois, ces stages d’observation peuvent être un peu plus qu’une figure imposée.

Laissons la parole à Marieke !

Dans le cadre de mon année de 1ère S, j’ai effectué un stage d’observation d’une semaine, à l’Institut Pasteur de Lille. Ayant un attrait pour les sciences, je voulais découvrir le milieu de la recherche. J’avais quelques a priori que je voulais confirmer ou non, savoir si ce domaine me convient. Pendant ce stage, j’ai échangé avec 18 scientifiques (10 femmes, 8 hommes) travaillant à l’Institut Pasteur de Lille en recherche biologique. Je me suis intéressée au groupe BDPEE (axé parasitologie), et au groupe Pégase (axé génomique). En amont du stage,  je me posais plusieurs questions : quels sont les métiers relatifs à la recherche, pour quel profil particulier, quelles formations pour y accéder ?

Commençons par la conclusion ! De tous ces entretiens, il en est ressorti un constat global : quelle que soit la profession exercée, le secteur de la recherche regroupe des personnes passionnées et curieuses, pour qui la science semble être une vocation. Le domaine de la recherche demande également de la rigueur, de l’organisation et un esprit de synthèse. Ces qualités sont fondamentales pour la quasi-totalité des chercheurs.

Age moyen : 30 ans
Répartition : 10 femmes (55%), 8 hommes (45%)
Nombre moyen d’années post bac : environ 5

Emploi actuel est le premier : 80%

En réalisant les interviews, j’ai constaté qu’il existait des professions différentes au sein de la recherche. Pour faciliter leur description, je les ai rassemblées par domaine.

A- Biologie « in vitro [1] »

(i) Enseignement – chercheur : 50 % recherche, 50 % enseignement

(maître de conférences, professeur)

Les 2 fonctions sont très complémentaires et se renforcent mutuellement. Les maîtres de conférences actualisent leur cours grâce aux publications et leurs travaux de recherche permettent de garder un pied dans la communauté scientifique. La transmission, le partage du savoir apportent une vraie satisfaction, complétée par le projet de recherche. Avec la HDR (Habilitation à Diriger les Recherches), les maîtres de conférences et professeurs encadrent les doctorants. Enfin, malgré peu de postes disponibles, le statut de fonctionnaire est synonyme de sécurité d’emploi.

La volonté de vouloir poursuivre des recherches, la préparation des cours, la constitution de la bibliographie (c’est-à-dire la mise à jour en continu des connaissances liées à la thématique d’étude), la recherche de moyens pour financer le projet de recherche, nécessite beaucoup de temps. Cependant cet investissement parait secondaire si l’avidité de connaissances et la curiosité sont au rendez-vous.

(ii) Gestion du laboratoire et des projets de recherche : 50 % recherche, 50 % gestionnaire

(chargé de recherche, chargé d’études)

La gestion du laboratoire implique la mise en place et l’encadrement de projets de recherche. Le chargé de recherche développe et teste des idées par la conceptualisation de protocoles, ce qui demande une capacité de concentration importante. Il encadre l’équipe technique en gérant les relations avec le reste de l’entreprise ou de l’équipe de recherche.

(iii) Equipe Technique et Ingénieur : 50 % recherche, 50 % production

(technicien, ingénieur d’étude, ingénieur de recherche)

Ces personnes collaborent aux découvertes : autant sur la mise en place des protocoles que sur les manipulations. Elles prennent part aux discussions pour enrichir et interpréter les hypothèses de travail. Le renouvellement des technologies et des techniques enrichit les connaissances, et ne laisse pas de place à la monotonie. L’autonomie et les responsabilités sont également un aspect plaisant de cette fonction. Cette profession permet une évolution de carrière.

B- Biologie « in silico [2] », Bio-informatique

(bio-informaticien, ingénieur de recherche, analyste en génétique quantitative)

Les travaux en génomique [3] génèrent un nombre très important de données qu’il faut traiter et analyser afin que les biologistes « in vitro » puissent dégager du sens, l’équipe informatique interprète les données générées, ou crée des algorithmes permettant leur interprétation. Par l’informatique, elle répond à des questions d’ordre biologique, ce qui confère un aspect pluridisciplinaire à ce domaine. L’analyste met en évidence l’essence des résultats  à l’aide d’études statistiques. Le renouvellement des problématiques très diverses confère un aspect non répétitif très apprécié.

Cette science s’adresse à des personnes rigoureuses, entreprenantes, ayant un attrait pour les mathématiques (logique, analyse, statistiques).

C’est un métier de plus en plus porteur, car, grâce aux nouvelles technologies (génotypage ou séquençage à haut-débit), les données générées sont de plus en plus importantes et conséquentes.

Lorsque je me suis intéressée à la formation, je me suis rendu compte qu’elles étaient très variées. En effet, il n’y a pas une formation type, classique pour accéder au monde de la recherche. La plupart des interviewés ont un parcours atypique et on constate que les passerelles sont multiples.

Cependant, parmi les différentes orientations, certaines voies sont plus souvent empruntées :

BTS – formation concrète délivrant des bases solides notamment pour les manipulations.

Fac (Licence et Master) – enseignement général, pluridisciplinaire. Recommandé pour les étudiants qui hésitent sur leur orientation. Cependant, cette formation nécessite une motivation non négligeable.

Doctorat – 3 ans consacrés à la réalisation d’une thèse. Il peut éventuellement être « surdiplômant ».

Je trouve que c’est un milieu propice à la réflexion  scientifique, passionnant,  idéal si on aime s’investir dans des projets. Certains enseignants – chercheurs sont capables de passer 8 ans sur un seul parasite, le Cryptosporidium par exemple.

J’ai été particulièrement impressionnée par la quantité d’anglais. La maîtrise de l’anglais scientifique est une aptitude vitale en recherche pour communiquer lors des congrès, pour lire et rédiger des protocoles et des articles.

Je ne savais pas du tout que la publication avait une place si importante dans le quotidien des chercheurs. A la fois pour se tenir informé des avancées, pour communiquer ses découvertes, pour faciliter l’obtention de moyens financiers, pour critiquer les travaux de recherches, pour se faire reconnaître, les scientifiques publient des articles, souvent en anglais, dans la presse scientifique. La publication est nécessaire pour trouver des financements. Ainsi, une sorte de cercle vicieux s’installe progressivement : il faut des financements pour publier et pour obtenir ces financements, il faut publier. Or plus le  journal à une audience importante, plus il a un facteur d’impact élevé et plus il est difficile de publier dans ce journal. Cette pratique, fondamentalement utile au sein de la communauté scientifique, est cependant contestée. Par exemple, au-delà des 192 heures de cours obligatoires, il est demandé aux maîtres de conférences de produire un article par an. Cela peut éventuellement déboucher sur une pratique de la publication déraisonnée et excessive.


[1] In vitro : locution latine signifiant au laboratoire, par extension ici cela désigne les expériences menées au laboratoire

[2] In silico : locution latine signifiant par ordinateur

[3] La génomique est une discipline de la biologie moderne. Elle étudie le fonctionnement d’un organisme, d’un organe, d’un cancer, etc. à l’échelle du génome, et non plus limitée à celle d’un seul gène

 

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