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A quelques jours du premier tour, cet article vous propose d’aborder les propositions d’orientations de la recherche scientifique des 5 courants majeurs participant aux présidentielles de 2012.

Nous allons procéder en partant de la gauche à la droite frontistes en passant par des nuances de rose, orange et bleue : du « pour en finir avec les Bidulex » de J.L.Mélenchon, à la préférence de la langue française dans les communications scientifiques prônée par M. Le Pen.

– Front de Gauche – le candidat J.L. Mélenchon par l’intermédiaire du site  Enseignement Supérieur & Recherche – appels Front de Gauche, remet la notion de service public au centre de la politique de la recherche française. Le Front de Gauche dresse un triste bilan de la politique gouvernementale en mettant à mal la notion d’excellence : « Jamais le potentiel universitaire n’a été ainsi saccagé sous le prétexte mystificateur d’une “excellence” qui n’avoue pas ses véritables critères. » La multiplication des sources de financements et la structuration des organismes en poupées gigognes sont dénoncées : « Les Idex, Labex et autres « Bidulex » visent aujourd’hui à créer des territoires d’exception au sein de la République pour mieux conforter la concurrence libre et non faussée internationale. » L’ex-ministre de l’Enseignement professionnel taille un costard à l’ANR qu’il souhaite « dissoudre » (pour le remplacer par quoi ?). J.L. Mélenchon propose de transformer les IDEX qui lui paraissent participer d’une concurrence entre les intervenants de la recherche scientifique, en pôles de coopération scientifique. Le projet inclus le recrutement de 5000 emplois statutaires par an sur la durée du quinquennat.

– Parti Socialiste – Le programme du PS concernant la recherche scientifique reste quelque peu flou. Peu de mots dans les 60 engagements de François Hollande sont associés à la recherche scientifique (le programme du PS est délibérément tourné vers l’enseignement supérieur plus que vers l’aspect recherche de ce portefeuille ministériel). Malgré tout, quelques propositions peuvent être associées à la recherche scientifique : vers un plus d’autonomie et vers une recherche compétitive au niveau international- très proche sur ce sujet de la vision d’un UMP de début de mandat présidentiel de 2007 : « nous donnerons les moyens pérennes nécessaires à l’autonomie et au rayonnement des équipes, des laboratoires et des Universités ». Contrairement au parti du tribun du front de gauche, F. Hollande  n’oublie pas de satisfaire les velléités scientifiques des industriels, ainsi, le projet du P.S. prévoit la création d’une Banque publique d’investissement, qui investira dans la recherche et l’innovation, soutiendra les PME-PMI, prendra des participations dans les activités stratégiques et les filières industrielles d’avenir (quelles sont elles précisément ?), et dont les moyens seront mobilisés sous la forme de fonds régionaux en co-pilotage avec les Régions. Les modalités d’obtention du crédit impôt recherche seront rendus plus simples (comment ?). Par l’intermédiaire de Vincent Peillon, le PS propose des solutions pour les étudiants et la modification de la loi LRU. Un programme du PS centré sur le financement de la recherche privée et de l’amélioration des conditions pour dispenser un enseignement supérieur de qualité, ouvert au plus grand nombre.

– MoDem- Nous arrivons ici au point de symétrie de notre tour d’horizon avec les (la?) propositions du Modem, le parti de F. Bayrou pour ce qui concerne la recherche scientifique dont voici la mesure phare : la création d’un crédit d’impôt innovation, parallèle au crédit impôt recherche… des fonds destinés à la recherche privée. Le programme de l’hyper-centre s’attarde (ceci n’est pas une critique) sur la problématique de l’enseignement mais oublie de parler de politique de la recherche scientifique… Mais en cherchant, on trouve quelques éléments : « veillons à ne pas axer nos politiques de recherche sur la base d’indicateurs d’origine asiatique qui certes favorise la diffusion des nouveaux savoirs par la publication scientifique, mais qui en pratique sont utilisés localement pour exacerber les rivalités entre équipes de recherche« … tiré du programme officiel du Modem pour l’enseignement et la recherche scientifique dont le chantre est Denis Badré, personnalité qui semble être l’interlocuteur des sujets « enseignement supérieur et recherche » du parti centriste.

– UMP – Au tour du programme du parti au pouvoir actuellement. Là aussi l’accent est mis sur l’innovation, aux talents et aux marchés, partant du principe qu’une recherche forte, dans une France forte vient surtout en aide aux PME et grandes industries pour améliorer leur compétitivité internationale, exemple :

– Le premier dépôt de brevet doit être gratuit pour les PME. Une partie des financements européens pour la recherche (Programme-cadre de recherche et de développement) seraient conditionnés à la participation de PME aux projets de recherche.

– Le parti présidentiel souhaite donc maintenir le crédit impôt-recherche. Par ailleurs, une meilleure valorisation de la recherche publique est invoquée, en favorisant les liens entre les universités et les entreprises et en intéressant les chercheurs publics aux retombées financières de leurs découvertes.

Enfin, la volonté de soutenir l’ambition (comment ?) de notre recherche et de notre industrie pour proposer de nouvelles thérapies, générer de la croissance économique au service d’une médecine humaine et contribuer au rayonnement de la médecine française…

Note : l’article que vous êtes en train de lire a été réalisé avant la parution officielle du programme de N. Sarkozy (programme qui paraitra jeudi prochain – 15 jours avant le premier tour). Vous pouvez avoir une vision du bilan du quinquennat de N. Sarkozy par le biais de la plume de Bruno Chaudret (chimiste et membre de l’Académie des sciences, élu par ses pairs, est Président du Conseil scientifique du CNRS).

– Front National – Le FN envisage de consacrer 3% du PIB d’ici 2017 à la recherche (pour information actuellement la France consacre 2,15 % de son PIB à la recherche -46% à la charge de l’Etat et 54% à la charge du secteur privé). Marine Le Pen propose de provoquer des états-généraux (un grenelle de plus?) de la recherche « pour fixer les priorités, pour définir les grands axes stratégiques, pour déterminer et mettre en œuvre les réformes structurelles permettant un rapprochement entre grandes écoles, universités et organismes de recherche. Cette réflexion de fond réunira tous les acteurs de la recherche, sachant que la situation économique de la France est telle que l’augmentation souhaitable des crédits ne pourra intervenir que très progressivement. En attendant, des choix devront être faits et des priorités fixées. » Une proposition encore un peu plus floue invoque l’augmentation du budget alloué à la recherche fondamentale dès lors que « la situation des finances publiques se rétablira ». Marine Le Pen conforte les organismes d’évaluation et d’attribution de finances de la recherche scientifique : « Les agences de financement, à l’instar de l’ANR (Agence Nationale de Recherche), verront leurs conseils scientifiques élargis et seront appelées à plus de transparence sur les conditions d’attribution des aides qui devront respecter des critères strictement scientifiques et s’inscrire en conformité avec les priorités fixées par la Nation. » Enfin, on ne peut passer à côté de l’humour sous-jacent dans la proposition suivante : « Les meilleurs chercheurs étrangers seront attirés dans le cadre d’une politique d’immigration ultra-sélective exclusivement centrée sur les talents (l’objectif global est de ramener l’immigration légale de 200 000 titres de séjour par an à 10 000 en fin de mandat)« .  Pour conclure, M Le Pen souhaite favoriser l’usage de la langue française dans les colloques et publications scientifiques.

La recherche est une thématique mineure de la campagne des présidentielles de 2012. Malgré tout, ce thème fait l’objet de clivages partisans très archétypaux : la vision d’une coopération entre groupes de recherche d’un Mélenchon s’oppose à une compétition inter-groupes d’un Sarkozy. Il est étonnant d’observer que les partis les plus éloignés du centre développent largement plus ce thème. Thème de la recherche française que les PS, MoDem et UMP laissent de côté au profit de sujets plus « économiques »… pour les partis souhaitant gouverner il est certainement assez peu « rentable » en temps d’élection et de crise d’aborder un sujet aussi technique et glouton en dépenses publiques.

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